Le plus petit musée de France de Grégory Pamadou


Les musées, souvent installés dans de somptueux bâtiments historiques, ont une dimension écrasante. Leurs collections contemplent le public autant que les visiteurs les regardent. Les musées nationaux héritent-ils du prestige monarchique qui tend à sidérer la foule par le pouvoir et la postérité ?

Bref rappel historique

Les premières collections privées du XIVe siècle chez les Valois, les ducs de Bourgogne et les princes d'Italie, constituent le privilège des classes aisées. Quand une œuvre vient enrichir de nouveaux lieux, comme les jardins et les galeries, elle s'offre à l'admiration du public pour marquer la puissance des donateurs.
Le concept du musée apparaît à Rome après la conquête de la Grèce. Pillages et butins de guerre sont exposés en plein air, les tableaux accrochés aux murs des forums pour montrer la puissance des légions romaines et sidérer la plèbe.
En France, il faut attendre la Révolution pour voir émerger l'idée d'un musée public, fondé sur l'humanisme hérité des Lumières. Les œuvres et objets d'art jalousement amassés au fil des siècles par la couronne, la noblesse et l'Eglise deviennent le bien de la communauté nationale et doivent désormais instruire le peuple et participer à l'émancipation de la Nation.
Au début du XIXe siècle, une fièvre muséale s'empare de l'Europe. Partout, de nouveaux trésors s'accumulent, très souvent arrachés sans pitié à leur site d'origine, ou confisqués aux pays conquis par les républiques et les empires occidentaux. Toutefois des idées nouvelles apparaissent : l'instruction et de vulgarisation des classes laborieuses nées de l'âge industriel.

Depuis toujours, le musée est utilisé à des fins politiques et se met au service, selon la période, des propagandes républicaines ou monarchiques.

Un musée lilliputien pour des géants

Le plus petit musée de France créé par Grégory Pamadou inverse la situation au propre comme au figuré : le visiteur domine le musée et les collections exposées. Il n'est plus étouffé par la majesté d'un bâtiment ni écrasé par l'accumulation des œuvres. L'art retrouve soudain une dimension singulière et ludique.

D'abord, le visiteur contemple l'ensemble du bâtiment miniaturisé. Les murs d'enceinte affichent une chronologie abrégée de l'histoire de l'art avec ses principaux artistes. Parmi les peintres et sculpteurs, Grégory intègre les femmes et les noirs qui forment un trombinoscope réellement représentatif, contrairement à beaucoup trop d'ouvrages sur l'histoire de l'art.
Puis la toiture se déplie et laisse entrevoir les salles du musée. Pour parcourir les collections, le visiteur se penche sur le bâtiment. Il domine la muséographie. L'usage d'une loupe est nécessaire pour regarder les œuvres. Ce dispositif amène à la fois une action didactique et ludique. La loupe, outil utilisé dans diverses pédagogies, permet une double action sur le musée et les œuvres d'art. Elle focalise le regard sur un point et masque l'environnement. Elle propose également un aller-retour permanent entre la vue globale et la vue de détail. Le plus petit musée de France est un outil pédagogique voué aux interventions scolaires dans une approche dynamique et dominante de l'histoire de l'art.

L'art d'hier et d'aujourd'hui

Le musée miniature se divise en plusieurs salles dont un espace est consacré aux créations d'un artiste vivant. François Verlen qui propose 4 peintures et une sculpture, inaugure l'espace d'exposition.
Quand Grégory demande à des artistes de créer des œuvres spécifiques au mini-musée, les créateurs se confrontent à de multiples questions inhabituelles : la forme des miniatures, le jeu d'échelles, l'axe de vision, la reproduction numérique... Autant de contraintes que l'artiste embrasse ou non, mais qui se révèlent créatives.

  L'art de la miniature

La miniature, issue de l'enluminure médiévale, est un courant peu traité dans l'histoire de l'art. Ces petits portraits peints que l'on garde près de soi, ou ces objets personnels finement ornés et souvent anonymes ne reçoivent pas la considération qu'ils méritent, malgré une histoire ininterrompue depuis le XIIIe siècle jalonnée par des artistes célèbres en leur temps.

La miniature est aussi un champ d'expression contemporaine, tels les artistes Akiko Ida et Pierre Javelle, Christopher Boffoli, Issac Cordal, Pabro Delgado ou Slinkachu. La miniature est un art vivant, en prise avec notre temps et parfois lié au street art.

L'histoire des portraitistes en miniature pourrait un jour faire objet d'une belle rétrospective dans ce petit musée.

Ou voir le mini-musée ?

Le plus petit musée de France se visite à la galerie Hazart, 22 rue de la Comédie, 82000 Montauban. Le ticket d'entrée est à 2 euros.


» Infos supplémentaires : https://minimusee.wordpress.com/

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