Babar

Les éléphants s’efforcent de relever leurs camarades tombés à terre.

Sur le mur en face de mon bureau, j'ai punaisé la carte de Babar pour penser à lui. Je lui ai écrit et aujourd'hui, je suis allé lui rendre visite à la clinique où il regagne des forces.
Sa carte de visite mentionne Jacques Chaubard dit Babar. Au-dessous, Art brut et populaire. Sa modestie l'empêche d'afficher artiste. Lui-même se prétend plus volontiers bricoleur, mais c'est bien en terme d'artiste que ses amis et collectionneurs le voient.

Peu de temps avant son hospitalisation, je l'aperçois en ville. Le soleil jette une luminosité printanière sur les façades de la rue piétonne. Au bout de la voie, la silhouette de Babar se détache cernée de lumière. Ce théâtre d'ombres projette un homme à la démarche vacillante qui obscurcit mes pensées. Ses lents petits pas suivent le fil usé par des années de labeurs ouvriers. Jamais l’existence n'a raison des fatigues. Elles s'accumulent et forment des moutons de poussières qui défaillent le rouet du destin. Quand j'arrive à sa portée, Babar est content de me voir et nous faisons l'éloge du printemps. Je le laisse poursuivre son fil vers chez lui.

Babar est artiste. Il pratique cet art simple, modeste et populaire, qu'on dit brut ou outsider, et qui consiste à s'exprimer sans aucune rhétorique ni savoir. Être dans la pureté de son être. Pour cela, Babar collectionne les vieilles cuillères jetées au rebut, récupère les clous rouillés, ramasse les écorces de platanes, conserve les opercules ou les boutons. Puis très méticuleusement, il compose.


L'oeuvre de Babar est tranquille. Elle est son exact miroir. La douceur naïve de l'enfance illumine son travail.


Babar, comme le personnage d'éléphant, héros de la littérature d'enfance et de jeunesse créé par la famille de Brunhoff : un tendre.

























Photographies de l'exposition Babar à la Médiathèque de Montauban en 2013

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